Comment maintenir et renforcer la croissance économique, forcément gourmande en énergie, sans remettre en cause l’indépendance énergétique de la France... tout en participant à l’indispensable effort mondial visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre ?
Tel est, en résumé, l’enjeu de la politique énergétique française. Notre pays ne manque pas d’atouts pour y répondre de façon satisfaisante. Son potentiel nucléaire, développé depuis le milieu des années 70, lui assure une indépendance énergétique remarquable pour un pays pauvre en matières premières, et contribue à ses bonnes performances dans le domaine de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Il ne s’agit pourtant pas d’une panacée : outre le problème de la sécurité, toujours d’actualité dans un contexte de course à la rentabilité, l’industrie nucléaire doit affronter de vraies questions quant aux traitement des déchets qu’elle produit.
Et le renouvellement du parc de centrales, à partir des années 2015-2020, impose de prendre aujourd’hui des décisions impliquant de lourds investissements.
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Enjeux énergétiques : Préparer l'avenir.
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SOCIETE : La jeunesse sacrifiée
JEUNES : UNE GENERATION PERDUE ?
Dans son dernier rapport, l’OIT pointe le lien entre le chômage massif des jeunes et la hausse de la criminalité.
Attention, risque de « génération perdue ». C’est un cri d’alarme que vient de lancer l’Organisation internationale du travail (OIT). Son dernier rapport, publié le 12 août, consacré aux « Tendances mondiales de l’emploi des jeunes » révèle l’ampleur des conséquences de la crise sur les jeunes générations.
Il vient aussi à point nommé pour nourrir le débat politique sur la sécurité. Avec 81 millions de sans-emploi parmi les 620 millions de jeunes économiquement actifs, âgés de quinze à vingt-quatre ans, soit un taux de 13 %, le chômage des jeunes dans le monde a atteint, fin 2009, son plus haut niveau jamais enregistré. Et il devrait continuer d’augmenter en 2010, pour atteindre les 13,1 %, contre 11,9 % en 2007.
Dans les économies développées et de l’Union européenne, le chômage des jeunes atteint 17,7 %, en hausse de 4,6 % sur 2008.
L’OIT met en garde contre « le risque d’une génération perdue, constituée de jeunes gens qui sont totalement détachés du marché du travail et ont perdu tout espoir de pouvoir travailler pour gagner décemment leur vie ». Les jeunes « font toutes les démarches, mais les portes se ferment devant eux », souligne Sarah Elder, coauteur du rapport. L’OIT met en relief les lourdes conséquences du phénomène. « Les sociétés perdent leur investissement dans l’éducation.
Les États manquent de contributions aux régimes de sécurité sociale tout en étant contraints d’augmenter les dépenses d’aide sociale. » « Les jeunes sont les moteurs du développement économique, a déclaré le directeur de l’OIT, Juan Somavia. Renoncer à ce potentiel est un gâchis économique qui peut saper la stabilité de la société. » Le rapport souligne en effet que « l’incapacité à trouver un emploi génère un sentiment d’inutilité et de désœuvrement parmi les jeunes qui peut provoquer une hausse de la criminalité, des problèmes mentaux, de violence, de conflits et de drogue ».
Avis à tous ceux qui se livrent à une surenchère sécuritaire, en prétendant ignorer le contexte économique et social de la montée de la délinquance. À l’image, ce week-end, de Christian Estrosi, qui s’en prenait aux municipalités de gauche accusées de laxisme. Manière, pour le ministre de l’Industrie, de faire oublier sa lourde responsabilité dans la destruction de 250 000 emplois par l’économie française en 2009. Soit autant de portes fermées devant les jeunes de l’Hexagone.
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REGION / PERSONNAGE
ZOHRA MEZIANE Une lavandière dans le poumon de Grigny 2
Quartiers. Les visages de l'engagement
Elle est l’unique salariée d’une petite laverie associative située au cœur d’un des plus grands quartiers populaires de l’Essonne. Un petit espace que Zohra anime chaleureusement pour rompre l’isolement des vieux, des femmes seules et des plus précaires.
Son sourire lui mangerait le visage. Sa voix est forte, parfois ferme, toujours déterminée. Zohra Meziane est une femme de Grigny, une Marocaine native de Casablanca. Nous l’avons rencontrée au 64 bis, route de Corbeil, à la Source, laverie associative de la commune la plus jeune et la plus pauvre du département. Pendant l’entretien, des femmes passent, pas forcément pour apporter du linge à laver. Parfois, juste pour faire un petit coucou. «Je connais tout le monde ici !» dit-elle en agitant la main. Les machines à laver sont pleines. Les sèche-linge tambourinent. Dans les odeurs de lessive, Zohra raconte un itinéraire peu commun.