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l'humanité

  • Patrick Le Hyaric, l'eurodéputé patron de presse

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    EurActiv.fr publie une série de portraits de candidats aux élections européennes. Patrick Le Hyaric, candidat du Front de gauche pour l'Ile de France, inaugure la série.

    C’est un cas à part au Parlement européen où il siège depuis 2009. Patrick Le Hyaric est le seul eurodéputé à être aussi patron de journal. Il dirige le journal L’Humanité depuis 2000.

    Empêcher le journal créé par Jaurès de mourir n’a pas été une mince affaire. Le journal et le Parlement se bousculent un peu dans son emploi du temps, sans se croiser. « Au journal, je ne parle pas de mon activité au Parlement européen…de toute façon ils font ça très bien ici » assure l'élu. Et s'il rempile comme candidat tête de liste du Front de Gauche pour la région Ile de France, il fait la part des choses entre les deux missions.

    Car à « L’Huma », l’heure est moins aux idées qu’à la gestion.

    « Je ne suis pas le Medef ! »

    « J’ai du batailler pour remettre le journal à l’équilibre. Avec une souscription, avec les suppléments et les aides à la presse, on y est.  Mais c’est pas facile de faire bouger les choses, les gens. Des fois les représentants syndicaux me disent « tu es le Medef »…mais je ne suis pas le Medef ! ».

    Un comble pour un homme encarté au PC depuis ses 14 ans.  Patrick Le Hyaric est tombé dans le communisme tout petit, et en Bretagne.

    Son père était déjà militant, à Lignol, une bourgade de 900 habitants qui rassemblait pas moins de 3 cellules du PC- à l’époque. « C’est une forme de communisme épris des valeurs de justice sociale du catholicisme. La Bretagne est devenue rouge parce qu’elle était pauvre et dépeuplée. Les gens ont dû vivre en communauté resserrée pour s’en sortir, ils ont été sabotiers, ils ont travaillé dans les mines d’ardoise, et ils s’entraidaient aussi dans les champs…et ils parlaient, le soir à la veillée. Communiste, on l’est au sens de « partageux ».

    Racines agricoles

    L’URSS, le PC soviétique, il n’y a jamais vraiment cru. Quand il adhère, c’est en réaction à la guerre du Viet Nam, alors que la militante pour les droits de l’homme Angela Davis est emprisonnée aux États-Unis. Mais ce qu’il aime, c’est la terre. Il opte pour le lycée agricole, et tente de rester au plus près de ses parents, même si le militantisme prend rapidement le dessus, que ce soit à l’armée ou au lycée, et que c’est finalement son frère qui reprendra la ferme de ses parents.

    Mais l’agriculture a toujours été son dada. Conseiller municipal de Lorient, il est rapidement intégré à la Commission nationale d’Agriculture du Parti communiste, et gravit les échelons à reculons. « Je voulais rester en Bretagne, moi…et puis finalement, on m’a promis que je venais pour une mission de 18 mois auprès d’André Lajoinie. J’ai travaillé avec lui pendant 17 ans. » Sur les sujets agricoles, surtout, avec la PAC, et puis la mondialisation, qui devient un de ses chevaux de bataille, alors qu’il est chargé des relations avec le Parlement pour le PC, et qu’il assiste Lajoinie dans son travail de député. 

    Transpositions "a minima"

    « On travaillait beaucoup sur des transpositions de directives européennes, dans les années 1990. Ce qu’on tentait, c’était des transpositions « a minima », comme pour la directive électricité. Quand Robert Hue lui demande en 2000, de reprendre le journal, il tombe des nues. «Je n’étais pas un intello au sens de mes prédécesseurs ! Je n’étais pas un manager non plus. Mais L’Huma était en situation de faillite économique, et avait perdu son image et son lectorat, alors…voilà. Et c’est passionnant, la créativité d'un journal ! »

    Après 14 ans à  la tête du journal, le candidat du Front de Gauche ne se voit pas continuer durant les 5 prochaines années, s'il est réelu le 25 mai. Il se voit s'impliquer plus dans le travail de parlementaire,  les réformes nécessaires.

    Réformer l'Europe

    « J’ai beaucoup de respect pour les autres députés avec lesquels je travaille, comme les eurodéputés socialiste, ils sont socio-démocrates. Le président de la République ne l’est plus ».

    Mais l’Europe dont il rêve est encore loin. « Il faut confier le pouvoir d’initiative législative au Parlement européen. Et le président de la Commission doit être élu au suffrage universel. On y va vers ce système, mais il faut accepter les compromis pour y aller. Et puis il faut faire participer les autres organes européens : le Conseil Economique et Social Européen, le Comité des Régions ont beaucoup à apporter. En les intégrant plus, on pourrait apporter beaucoup».

    A plus court terme, il opte pour le pragmatisme dans son travail de parlementaire, loin des positions radicales de son allié Jean-Muc Mélenchon au sein du Front de Gauche, qui rassemble Parti communiste et Parti de gauche pour les élections européennes.

    Alliances progressistes au Parlement européen

    «En admettant qu’Alexis Tsipras (le candidat de la gauche radicale, NDLR) n’ait pas la majorité des voix » dit-il avec un sourire, « et au second ou au troisième tour s'il fallait choisir en Schulz et Bové, on fera un choix. Mais il ne faut pas faire n’importe quoi. Nous pouvons négocier un programme d’actions communes. Au Parlement européen, ca marche, on peut faire des alliances progressistes. »

    Il pense aux hypothèses qui permettraient d’assouplir la politique économique rigoriste menée par l’UE. Comme les Allemands ne voudront sans doute pas de réforme de la BCE, la solution de création d’un fonds public qui puisse acheter de la dette des Etats ou intervenir en cas d’urgence a sa préférence. Il aurait bien vu le fonds combler le déficit de financement d’Alstom, plutôt que de voir l'entreprise dépecée, par exemple.

    «Je suis un jauressien, ce qu’il dit c’est qu’il faut aller chercher le bon chemin, toujours, et s’y engager. Mais maintenant l’Europe a adopté celui de la régression. Ce n’est clairement pas la bonne voie » conclut le candidat.

  • Jean-Luc Mélenchon "L’Humanité, une bouffée d’air frais dans le débat"

     

    	Souscription pour L'Humanité , front de gauche, jean-luc mélenchon, entretien, crise de la presse, pluralisme, 5 mai pour une VIè République,Alors que l'Humanité est en danger, entre crise de la presse et problèmes de trésorerie, Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche apporte son soutien à votre quotidien. Parce que "sans l’Humanité, il n’y aurait jamais eu de décryptage du traité européen en 2005 ou de l’ANI cette année. Sans l’Humanité, les salariés en lutte seraient complètement absents du paysage médiatique."

    Vous êtes très critique à l’égard des médias, quel regard portez-vous sur ce monde ? L’Humanité y occupe-
t-elle une place particulière ?

    Jean-Luc Mélenchon. Je suis critique à l’égard du système médiatique. Cela ne met en cause ni les personnes ni les titres par eux-mêmes. Mais cette critique est centrale dans mon combat. Elle concerne un pilier fondamental de la souveraineté populaire. Car en République le citoyen doit se prononcer sur l’intérêt général. Pour cela, il n’a qu’un instrument : sa raison. Et pour raisonner, il a besoin de deux éléments fondamentaux : avoir été éduqué par une éducation laïque et de haut niveau, et être continuellement et correctement informé sur les enjeux du monde qui l’entoure. Sans ces deux éléments, il n’y a ni démocratie ni République possible. Les médias ont donc un rôle absolument crucial. C’est pour cela que nous sommes particulièrement exigeants à leur égard. Trop souvent, les grands médias et les médiacrates se complaisent dans le spectaculaire, l’anecdotique, les petites phrases.

    Aujourd’hui, l’information est bien souvent un simple spectacle entre deux espaces publicitaires pour « cerveaux disponibles ». Tout cela est bien sûr la conséquence de la possession des grands médias par des groupes privés. Mais le secteur public n’y échappe pas du tout, au contraire. Car la domestication des professionnels des médias est très avancée. Il faut dire qu’elle repose sur un moyen de pression colossal : la précarité généralisée dans laquelle ­vivent les journalistes de terrain. Dans ce paysage des médias, des professionnels résistent. Bien sûr, l’Humanité en fait partie. Sans l’Humanité, il n’y aurait jamais eu de décryptage du traité européen en 2005 ou de l’ANI cette année. Sans l’Humanité, les salariés en lutte seraient complètement absents du paysage médiatique. Sans l’Humanité, le Front de gauche subirait un ostracisme encore plus grand. Ce travail est extrêmement précieux pour nous.

    «C’est par des informations étendues et exactes que nous voudrions donner à toutes 
les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger 
elles-mêmes les événements 
du monde», écrivait Jaurès dans le premier édito de l’Humanité. À l’heure d’Internet et des réseaux sociaux, est-ce 
encore un enjeu aujourd’hui ?

    Jean-Luc Mélenchon. Cette phrase de Jaurès prouve que l’information, et donc le journalisme, est un métier. Une qualification. Certes, les blogs et les réseaux sociaux permettent davantage de réactivité et d’esprit critique. Les bidonnages médiatiques sont plus rapidement dégonflés. Tant mieux. En cela, ils ne doivent pas être vus comme des adversaires des médias, mais bien comme une boussole. Ils exercent une vigilance citoyenne dont les journalistes honnêtes et sérieux n’ont rien à craindre.

    Vous appelez, avec le Front de gauche, à une VIe République. Quelle place et quels moyens 
la presse peut-elle avoir dans 
une démocratie renouvelée ?

    Jean-Luc Mélenchon. Le vent de la révolution citoyenne doit souffler aussi dans les médias. Les chantiers sont immenses. Les professionnels et les lecteurs téléspectateurs devront les mener jusqu’au bout. D’abord il faut en finir avec la précarité sociale. Ensuite il faut donner le pouvoir au peuple. Pour libérer les médias de la toute-puissance des médiacrates et des propriétaires, les abonnés devraient pouvoir participer aux grandes décisions au même titre que les actionnaires ou les journalistes. Une politique nouvelle doit soutenir les médias indépendants. Et dans le service public, j’ai fait la proposition que le citoyen contribuable puisse élire les principaux dirigeants de chaînes, parmi une liste de personnalités sélectionnées par les professionnels sur la base de la compétence. Enfin, il faut entièrement refonder la commission des sondages. Et aussi le CSA. La première est un organe inutile et complaisant qui ne sert ­aujourd’hui à rien d’autre qu’à couvrir les turpitudes des sondeurs, la seconde est impuissante.

    Notre journal a-t-il une place particulière auprès des militants de votre parti et du Front de gauche ?

    Jean-Luc Mélenchon. Bien sûr ! Le journal est dans ma boîte le matin. Mais comme je pars avant qu’il soit livré, je l’achète au kiosque. Je mets un point d’honneur à l’abandonner dans un bistrot pour qu’une autre personne le lise ! L’Huma est une lecture indispensable à plus d’un titre. D’abord pour suivre les luttes et les résistances. Ensuite parce que c’est le seul quotidien qui traite en profondeur de l’actualité du Front de gauche, de ses initiatives, des débats qui le traversent. Enfin je suis addict à la rubrique culturelle du journal. Sans oublier les éditorialistes qu’il m’arrive de commenter en direct par texto... L’Huma, c’est aussi cette magnifique fête tous les ans en septembre, cette grande fête qui est devenue celle du Front de gauche.

    Pensez-vous que le journal joue un rôle utile à l’heure où les débats sur la politique à suivre traversent la gauche ?

    Jean-Luc Mélenchon. Oui. Sans l’Humanité, aucun quotidien ne dénoncerait les politiques d’austérité ou le saccage et le pillage du pays par la finance. C’est une bouffée d’air frais dans le débat dans le pays, mais aussi à gauche. Et puis Jaurès a créé l’Humanité pour rassembler les courants socialistes qui étaient alors divisés. L’Humanité est fidèle à ce rôle en proposant des débats entre les formations de gauche. Alors que les journaux des sociaux-libéraux passent leur temps à nous insulter, l’Humanité reste l’un des rares lieux où l’on peut débattre du fond à gauche. Un journal qui s’assume et qui assume.

    Entretien réalisé par 
Julia Hamlaoui

  • AFGHANISTAN : FRANCAIS ET AMERICAINS OPPOSES A LA GUERRE

    afghan.jpgLe sondage IFOP publié dans le journal l’Humanité du 23 février est passé inaperçu dans les médias de notre pays. La censure sur ce sujet, comme sur d’autres semble de plus en plus impitoyable.

    En France où déjà plus de 50 de nos soldats sont morts, ce sujet mériterait autre chose que du mépris de la part de ceux qui dominent l’information, où plutôt ici la propagande.

    Comment faire accepter de la part des français notre présence guerrière en Afghanistan ? Cela semble difficile, et le mieux semble-il est de ne pas traiter ce sujet.

    Ces sondages réalisés conjointement en France et aux Etats-Unis 09 au 14 février 2011 auprès de 2 échantillons représentatifs de 1000 personnes sont sans appel.

    En France 72 % des français se déclarent défavorables à l’intervention militaire français (contre 64 % en août 2009), 35 % seulement considèrent que cette présence a permis de faire progresser le pays vers la démocratie (42 % en août 2009). Le soutien à la présence française dans ce pays s’érode d’année en année. En 2001, 55 % des français y étaient favorables, aujourd’hui ce pourcentage tomba à 28 %.

    Aux Etats Unis pour la première fois 50 % des américains disent être opposés à cette guerre (43 % en août 2009), 50 % s’y déclarent favorables, par contre 60 % indiquent en même temps que cette présence est utile pour lutter contre le terrorisme, 54 % que cela a permis une progression de la démocratie.

    Le débat est donc loin d’être clos. Le PCF en respectant le rôle tenu par nos soldats dans ce pays s’est déclaré opposé à la présence militaire de la France en Afghanistan.