La première inondation connue dont a souffert Paris remonte à l'an 585. Cette première catastrophe pose d'ailleurs un problème puisque Grégoire de Tours nous parle de « plusieurs naufrages » s'étant produits « entre la Cité et l'église Saint-Laurent ».
La Seine venait battre notre actuel carrefour Strasbourg-Magenta. Cela paraît peu croyable ! Et pourtant le détail donné par le premier historien de notre histoire est exact. A cette époque devait encore subsister un bras de la Seine, marécageux la plus grande partie de l'année, et reliant notre port de l'Arsenal à notre place de l'Alma en passant par l'emplacement de la Bastille, de la République, des rues du Château-d'Eau, Richer, de Provence, des Mathurins, de Penthièvre, du Colisée et Marbeuf.
En période d'inondations, la Seine devait sans doute s'étendre jusqu'à ce bras qui, en temps normal, servait de « canal de sûreté ». La rivière retrouvait ainsi ses anciennes limites. Car il y a des millénaires, le fleuve s'étendait de Notre-Dame-des-Lorettes à Saint-Sulpice. Le Champ-de-Mars, Grenelle, le faubourg Saint-Germain, les grands boulevards, l'Opéra, tout était noyé.
Aujourd'hui, lorsqu'on prend la rue de Provence et la rue de Sèvres, on suit les anciennes berges de la Seine.
Les Parisiens de 1910 furent tout étonnés de voir de l'eau gare Saint-Lazare et le square Louis XVI transformé en lac : la Seine , durant cette semaine tragique, revenait chez elle et reprenait tout bonnement son lit d'autrefois.
Longtemps d'ailleurs, des marais subsistèrent de la rue des Petits-Champs à la rue de Provence, et Regnard, regardant de ses fenêtres les chemins de la Grande-Batelière et de Chantereine, affirme que « l'oreille et la laitue » y poussaient à profusion.