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MARIE CHRISTINE VERGIAT

CHRONIQUE D'UNE EURODEPUTEE DU FRONT DE GAUCHE

vergiat.jpgComme le temps passe vite et comme la vie au Parlement européen semble quelques fois déconnectée de la vie réelle. Pourtant je continue de penser que les batailles valent le coup d’y être menées, c’est ce que je vous ai dit dans ma dernière chronique sur les Roms et c’est encore ce que nous avons vu lors de la dernière assemblée plénière à Strasbourg avec le vote du projet de directive sur le congé de maternité.

Cette directive, bloquée depuis des mois, est sortie par le haut du Parlement européen puisqu’elle prévoit un congé de 20 semaines (contre 16 actuellement en France), pris en charge à 100 % et pouvant être partagé par le père. Même mes collègues les plus engagées au sein de la commission « femmes » du Parlement européen et notamment mon amie Eva Brit-Svensson, eurodéputée suédoise, membre de la GUE/NGL et présidente de cette commission n’en espérait pas autant.

Mais ces derniers temps, nous avons aussi traversé des moments pénibles. Je voudrais vous en citer deux. Le premier que je voudrais évoquer fut l’attribution du Prix Sakharov à un dissident cubain pour la 3ème fois. Quitte à en choquer certains, j’ai toujours dénoncé les atteintes aux droits de l’Homme à Cuba mais qu’en 22 ans de prix Sakharov, le Parlement européen prime trois fois des dissidents cubains est pour le moins excessif au regard des dizaines de pays où les droits de l’Homme sont bafoués à travers le monde dans l’indifférence générale.

 Cela tourne à l’obsession et cela décrédibilise le prix Sakharov. Je l’ai dénoncé publiquement dans l’enceinte du Parlement européen ce qui m’a valu une bronca assez inhabituelle dans cet hémicycle mais aussi nombre d’applaudissements et de félicitations bien au-delà des rangs de mon groupe. J’ai dit tout haut ce que nombre d’eurodéputés disaient dans les couloirs. A tout le moins, nous devrons réfléchir à d’autres modalités d’attribution de ce prix qui vaut mieux que des négociations de dernière minute entre présidents de groupe.

Mais le vote du rapport sur la crise signée par Pervenche Bérès, eurodéputée socialiste française m’a laissé plus amère. Ce rapport est une caricature de tout ce que nous dénonçons à la GUE/NGL sur l’absence d’alternative politique crédible au sein des instances européennes. Plus de 500 parlementaires ont approuvé ce rapport (socialistes et verts compris). Et pourtant il soutient la nécessité des politiques d’austérité, le fameux pacte de stabilité, la poursuite de la construction du Marché intérieur et de ses libéralisations, le contrôle des budgets nationaux par la Commission européenne, etc...

Il va même jusqu’à remettre en cause les retraites par répartition en insistant sur des systèmes de retraite à trois piliers (public, professionnel et privé). Loin d’être totalement négative dans son approche, la GUE/NGL a tenu a voté les rares amendements qui allaient dans le bon sens et notamment celui sur la taxation des transactions financières bien que celle-ci soit bien timide par rapport à ce qui devrait être voté pour tirer les leçons de la crise.

Globalement, ce rapport est donc mauvais et poursuit toujours la même logique. Nous l’avons dit et cela semble avoir irrité certains députés verts et socialistes. C’est bien dommage mais qu’ils assument donc la réalité de leur vote.

La lecture du rapport parle d’elle-même et je vous y renvoie donc si vous en avez le courage car il est particulièrement long. Vous y verrez notamment l’absence quasi-totale des questions sociales qui, à elle seule vaut tous les argumentaires. A la GUE/NGL, nous ne nous renions pas lors de nos votes et nous en sommes fiers.

Marie-Christine Vergiat

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